Le trophée (babel).jpegRENTRÉE 2024 Réduire Le trophée à une partie de chasse serait une monumentale erreur. En effet, entre Hemingway et Les Chasses du Comte Zaroff, Gaea Schoeters nous offre un texte dense et fort, âpre et sans pitié sur la beauté de l'Afrique, ses richesses millénaires, ses savoirs ancestraux et la prétention des hommes blancs à tout savoir.

Hunter White est un riche homme d'affaires, grand chasseur, fils de grand chasseur et petit-fils de grand chasseur. Il tient son prénom de J.A. Hunter, célèbre chasseur écossais réputé pour avoir tué 1000 rhinocéros. C'est justement le permis de tuer un rhinocéros noir - que Hunter White a acheté une fortune - qu'il vient utiliser afin d'accrocher à son mur, le dernier trophée des big five qui lui manque. Alors, quels points communs peut-il y avoir entre l'investisseur de Wall Street et un jeune Bushmen à peine sortie de l'adolescence : la magie de la chasse, son histoire, ses rites, avec fusil ou arc et flèches. La situation devient alors inédite, troublante et dangereuse : Hunter White peut aussi devenir une proie car s'il croit tout savoir sur la chasse en Afrique, il comprend progressivement qu'il ne sait rien de ce territoire immense.

Le trophée est un texte sur le rapport à la nature entre un riche homme blanc et d'autre part des Bushmen dont le respect pour la nature n'égale que l'immensité de leurs connaissances grâce auxquelles ils peuvent se nourrir, se soigner, se protéger des animaux (fauves, scorpions, serpents, etc.). Sans ces connaissances sur ce même territoire, un homme meurt en quelques heures.

Le trophée est un grand roman sur la condition humaine et l'humilité, un roman humaniste qui rappelle à l'homme combien sa place n'a pas changé : les lions sont en haut de la chaine alimentaire, les hyènes justes après et l'homme tout en bas.

Le trophée
Gaea Schoeters
Traduit du néerlandais (Belgique) par Benoît-Thaddée Standaert
Actes Sud
Babel
288p., 8,90€
2 octobre 2024